De la nécessité morale d’un coup d’État

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Par Rémy D. WIEDEMANN alias Max Montgomery
Propos recueillis par Maximilien Friche

MN : Max Montgomery, vous êtes un écrivain fasciné par l’Extrême-Orient, par l’aventure, ces héros qui font l’histoire plutôt que de la subir, et j’aurais aimé vous interroger sur la situation politique de la France. Certains ont encore le sentiment d’être sorti de l’histoire alors même que cette dernière donne des coups de bélier dans notre train-train quotidien. La crise économique et financière a été rejointe par une crise géopolitique qui place, de fait, notre pays en situation de guerre avec des attentats sur notre sol et la présence, dans nos frontières, d’ennemis de l’intérieur. Hollande et son gouvernement continuent de son côté d’œuvrer idéologiquement contre la loi naturelle, pour un multiculturalisme forcené et dans le sens d’un abandon de souveraineté au profit des monstres froids européens. Pourtant, une bonne part de Français semble cultiver le déni quand d’autres s’attachent de façon presque pathétique aux institutions… Une fois le tableau brossé, voici ma première question : nos institutions portent-elles de façon intrinsèque la chute à la quelle nous sommes confrontés ? Y a-t-il nécessité de changer de système, la ligne réformatrice est-elle nécessairement vouée à l’échec désormais et pourquoi ?

Notre système actuel est plus pervers que le communisme en pleine période trotskiste.

MM : Votre introduction est excellente. Nous sommes conformés d’une manière telle que l’idée de renverser le régime est aberrante pour la plupart d’entre nous. « Ce n’est pas ainsi qu’on va y arriver », pense-t-on automatiquement. « Pourquoi la violence ? » Notez qu’on associe instinctivement le principe du Coup d’État à une violence, ce qui n’a rien d’obligatoire. Deuxièmement, on est persuadé que, dans un monde de la manipulation, agir réellement et sortir de la parlotte est forcément tomber dans une manipulation, voire, sur un autre plan, le péché. Je vais donc m’attacher à vous montrer le contraire, méthodiquement.

Tout d’abord, c’est ne pas agir qui est la plus sûre des contributions aux manipulations. Ensuite, tout ce qui réussit en terme d’action est toutefois chaudement encouragé après et toujours critiqué violemment avant. La morale fiable est donc : « Mort au vaincu, gloire au vainqueur », Brennus avait raison, Gaulois fier s’affirmant sur les ruines de Rome. La Fontaine aussi quand il dit : « La loi du plus fort est toujours la meilleure. » J’ai vécu une élection victorieuse, après des semaines de critiques ; les mêmes, d’une haine totale envers moi, qui me critiquaient avec toutes les bonnes raisons pour expliquer que je n’y arriverais jamais, se sont rangés derrière moi après la victoire. Donc, comprenons bien : les discours, les raisons, sont secondaires pour la majorité, tandis que le fait s’impose. Le fait est une morale pour les masses, quelles que soient leurs prétentions morales. Et 9 de vos lecteurs sur 10 sont de cette masse, ne leur en déplaise.

Après le fait majeur, parlons des raisons. Vous avez parlé d’ennemis de l’intérieur. Élargissons à l’ensemble du peuple dont la conscience est en réalité le problème. Oui, nos institutions portent en elles la chute. Chaque grande étape institutionnelle depuis 70 ans a été une marche vers le bas et la prochaine décrétera que la France n’est qu’une région du monde. Tous les maux que vous avez cités sont logiques et non accidentels, ils proviennent d’un système intrinsèquement pervers, pour reprendre le propos de Pie XI au sujet du communisme. Notre système actuel est plus pervers que le communisme en pleine période trotskiste. Il est plus pervers, plus dangereux, plus meurtrier. Mais comme il sauve les apparences, on ne le voit pas. Il y a eu un progrès fabuleux dans le mal. Les apparences n’y étant pas complètement, on se rassure en pensant que ces crises successives sont des accidents. C’est une erreur : le système produit de la crise par nature. Il produira encore bien des lois folles, grâce à de judicieux attentats, du contrôle, du Grand Remplacement etc. On installera une idiocratie, on obtiendra la domestication de l’individu. Croire qu’on va stopper ça avec des élections est un piège : on sera berné autrement. Songez à l’alternance démocrates-conservateurs aux USA : ça ne change absolument rien. Les maîtres du système composent parfaitement avec cette supercherie.

Que ça ait marché et que nous y ayons tous cru, rien que de très normal. Qu’on y croie encore est grave.

Mais la tromperie « démocratique » et le travail de sape n’est pas le premier problème. Le problème est d’abord, donc, un problème intérieur : une conscience manque dans le peuple, et qui existait il y a peu.

Or, il n’y a pas de guérison par l’extérieur, il n’y a de guérison achevée que par l’intérieur. Ce principe, on finira par le comprendre en médecine et en politique. C’est aussi un principe philosophique bien connu, le « connais-toi toi-même » qui recouvre bien plus qu’un savoir personnel, c’est une connaissance, au sens noble de ce mot : co-naissance, naître avec soi-même.

La conclusion première est donc : « Nous ne serons pas sauvés par l’extérieur. Nous serons éventuellement secourus parce que nous aurons déclenché quelque chose, pris position et agi. » Jeanne d’Arc est le modèle de ce postulat et ce modèle est français.

La « Libération » de 1945 a parfaitement illustré la vacuité d’un changement sans une participation intérieure ontologique ; elle a relancé l’ère d’un dédoublement de la personnalité nationale qui sévissait depuis la Révolution. La France est « en attente » de son destin et non plus créatrice de ce destin. Elle est assistée, réglée sur un mode de vie mondiale, médiatique, technologique et industrielle. Il manque l’essentiel. Vous avez une voiture qui se modernise plus ou moins, très peu d’ailleurs comparativement à ce que rêvaient les années 70, mais surtout sans personne pour la piloter. Il n’y a pas d’homme ni de femme aux commandes. N’étant pas maîtresse de son destin, la France est la plus grande nation du blabla du monde. C’est de la vacuité à l’échelle mythologique, du néant. Il n’y a rien ni personne pour nous édifier, c’est le défilé de la médiocrité.

On croit généralement que les Trente Glorieuses furent dues au plan Marshall. En fait, le plan Marshall n’a fait que donner des moyens, en réalité, à la restauration morale entreprise pendant la guerre à la fois par une résistance spirituelle au désastre et un gouvernement moral très efficace, quoique sans moyen. Avec des concepts puissants, et pourtant millénaires, on a pu rendre au pays une vitalité qui n’attendait plus que de l’argent, que la plan Marshall amenait. C’était le bon sens des choses. Mais la Libération a substitué à ce relèvement intérieur un relèvement extérieur, hétérogène et matériel ; certes pas dépourvu de qualités, mais dont la greffe ne pouvait prendre et ne prend toujours pas. La guerre et les Alliés ont écrasé la spécificité française.

Le modèle était désormais schizophrène : il y avait le modèle russo-chinois, qui était communiste, face au modèle américain qui était et demeure le modèle anglo-saxon, celui du beau discours et de la City de Cromwell. Nous étions occidentaux, nous avons pensé que nous étions dans le camps des gentils. Nous savons maintenant que depuis la disparition du communisme à l’Est, nous sommes dans le camp des salauds, comme le disait un excellent article paru sur ce site.

Derrière tout ça, il y a dès le départ une action plus ou moins secrète des destructeurs, des sectes dont les marranes frankistes sont peut-être les plus puissants, maîtres des Bilderberg, du Secrétariat d’Etat US ou de l’Europe, alliés aux têtes couronnées et aux familles régnantes de la Finance. Je renvoie à l’excellente « Histoire secrète de l’oligarchie anglo-américaine » dont la préface de Pierre Hillard expose le but : une destruction mondiale systématique pour accélérer un temps « messianique », l’antéchrist autrement dit. Je crois qu’il est essentiel de comprendre que la cohérence des catastrophes successives que nous enchaînons appartient à une logique, celle de cette destruction programmée d’en-haut.

En surface, l’Europe était donc abreuvée par deux modèles publics faux, la France a donné dans les deux traquenards, elle est progressivement devenue depuis la guerre, un « mixe » de schizophrénie, que je qualifie de capital-marxiste, en prenant le pire des deux camps : socialisme institutionnel putride d’un côté et libéralisme moral (hélas sans libéralisme économique) de l’autre. L’autre grand fait, c’est l’invasion corrélée à la chute de la démographie. Le Français déteste les pubs dans sa boîte aux lettres mais il exige en même temps une retraite que Dieu sait qui paiera, il ne fait pas le lien entre retraites et entreprises, vieux communard qu’il est. Il fait ses courses chez les grandes surfaces revendeuses de produits chinois mais il tient à la Santé publique. Il est en pleine contradiction. Il est contre l’immigration sauvage mais il a une larme quand une barque se verse dans la Méditerranée des Droits de l’Homme et ne veut pas savoir qu’on tue les bébés dans les hôpitaux. Le Français est la dupe d’opinions contradictoires et sentimentales. Il n’a plus de cran. Il est consensuel. Il roule à 30 là où il peut rouler à 50. Vous ne le mettriez pas dans une tranchée pendant quatre ans, sans sa douche quotidienne et son loto sportif. Il aura une retraite à la chinoise ; qui lui sera calculée grâce la puce RFID qu’il aura sous la peau. Et il verra ses monuments célèbres tomber en ruine, occupés par l’islam, sans mot dire.

Hélas, tout le monde fait ce genre de constat. Mais ne propose pas d’action décisive. On me dit : « ça bouge, les Français prennent lentement conscience, notre travail porte ses fruits ». J’entends ça depuis 30 ans. 30 ans de constats et aucun résultat tangible. Un recul constant, au contraire. Comment l’élite intellectuelle réagit ? Il y a celle d’Occupation, qui a toujours cherché à savoir comment mieux servir les mauvais maîtres, depuis Crécy et Azincourt. Et puis il y a celle de l’Opposition et même de la Résistance qui croit que la vie associative et l’humilité du devoir d’État suffisent à complaire à Dieu.

Rien n’a changé de ce point de vue là depuis Domrémy, on le voit. Qu’a-t-on fait de mieux ? Des manifs, des associations, des livres, des partis. Je ne crains pas de dire que tout cela est essentiellement vain, quoi que cela puisse avoir un degré d’utilité. Quand on joue à la roulette russe, on a beau changer l’arme, les munitions, l’arbitre, introduire des pauses ou un nouveau comptage des points, ça finit toujours mal.

Prenez un banc de galériens de trirème. Aucun des galériens n’envisage autre chose que d’améliorer son quotidien. Aucun ne parle d’évasion ou de vie ailleurs ; aucun n’imagine la vapeur ou le moteur, naturellement. Quelques-uns plaident pour améliorer la qualité du banc, de la rame, changer tel ou tel mauvais élément de la chiourme, en finir avec le fouet…

De même, les politiques que vous avez dans vos groupes dissidents ne peuvent imaginer autre chose que la voie politique. Les associatifs ne voient pas autre chose que l’action associative. Les juristes ne voient que le droit. Les policiers ne voient que le renseignement et la police. Les instituteurs ne jurent que par l’éducation. L’éditeur est persuadé que son prochain livre va tout changer. Illusion. Il n’y a rien là de décisif. Et pourtant ; imaginez que votre action se déroule dans un régime sain et légitime, vous auriez mille fois plus d’efficacité.

Nous sommes des galériens, avec des chefs de bancs. Qui va proposer quelque chose qui ne soit pas de son monde et de son quotidien, de ce qui le justifie ici bas ? C’est qu’il s’agit d’en sortir, de cette galère. Pouvez-vous vous décoller du banc ne serait-ce qu’en pensée ? Il va être difficile d’élever au niveau du sublime ce qui n’est que du réflexe quotidien. On a les propositions qui volent au niveau où l’on situe son espérance. Veuillez 1000 et vous aurez 500. Veuillez 10 et vous aurez 1. On est dans le modèle réduit pour l’instant.

On a appelé Invasions barbares un phénomène qui représentait 1.000 entrées d’immigrés par an, durant 1.000 ans, soit environ 1.000.000 d’hommes en tout, sur mille ans ! On a aujourd’hui 500.000 entrées par… an ! On peut faire tous les colloques et tous les partis qu’on veut, c’est le raz-de-marée qui nous attend et il n’y a pas de solution compatible avec nos normes modernes. L’Histoire va donc produire des événements contraires à nos normes, elle va à nouveau être épouvantable, comme toujours. Que fait-on en attendant ? On oublie qu’arrive un désastre, on disperse les derniers sursauts d’énergie.

Voilà pourquoi je plaide pour un Coup d’État (suffisamment) pacifique, largement populaire et complètement légitime. Avec la suppression de dizaines de milliers de lois, de 170 impôts et taxes, de 30 ministères inutiles etc. On trouve ces propositions ici. Je dis que les meilleures actions non-décisives ne font que prolonger l’agonie. Travailler vertueusement dans un monde corrompu ne fait que le conforter. Il n’y a pas d’alternative : il faut changer de régime.

Pas de guérison de l’extérieur. Le vaccin peut vous sauver éventuellement, in extremis, mais le système interne du corps doit prendre le relais. Le maître peut orienter l’élève, mais l’élève devra prendre le relais. Jadis, les Chinois ont dévoré les Mandchous, leurs envahisseurs, sans les combattre. Les Mandchous ont gagné la guerre d’invasion, mais peu à peu les usages chinois les ont domestiqués. C’était ainsi qu’il fallait et qu’il faudra renaître: de l’intérieur. Et sans attendre des Américains, des Anglais ou d’alliés supposés le moindre secours fondamental : ils ne pourront que nous fournir du matériel et subvertir leur solution à la nôtre. Ce n’est pas Washington et Hollywood qui vont nous rendre l’âme de Vaucouleurs. Et je dirais même que maintenant, il est urgent de s’en détacher, puisque leur modèle est outrancièrement mondial-tyrannique, hérité de ces fameux marranes, faux-juifs de la destruction. Les postulats démocratiques basés sur les mythes de la Seconde guerre mondiale ne valent rien.

Si le corps ne prend pas le relais, il y a mort inéluctable. Actuellement, le peuple de France ne prend pas le relais parce qu’il est en état de mort spirituelle, qui est à la fois une mort sanitaire, une mort intellectuelle et une mort morale. Dans 60 ans, démographiquement, il n’est plus qu’un reliquat.

Un Français musulman qui a trois enfants, qui auront chacun 3 enfants, aura 531.441 descendants dans 300 ans. Le Français athée qui a 1.8 enfant aura 1156 descendants. Il faut que ce soit clair dans les esprits. Mort au vaincu ! Vous pouvez raconter ce que vous voulez, si vous avez moins de deux enfants, vous êtes déjà disparu, vous et vos principes. Si comme moi vous avez 7 enfants et que chacun en a 3, vous aurez 1.240.029 descendants. L’Europe a été grande parce qu’elle avait une démographie supérieure aux autres, le reste est presque sans incidence en comparaison. Nous sommes donc toujours dans ce système inhumain, anti-humain. Garantie actuelle du système: la Constitution, qui nie toute transcendance, toute sacralité. Mais elle nous livre une solution. Il faut changer de régime. Aucune réforme n’a de chance d’aboutir puisque l’outil premier est mauvais. Vous ne gagnez pas les 24 heures du Mans avec une Clio. Donc, pour vous répondre, premièrement, le modèle n’était pas le bon depuis le début et deuxièmement, il faut s’en débarrasser (je parle du modèle et pas forcément des alliances), la réforme est vaine.

 

Une paix qui entretient le crime n’en est pas une.

MN : Max Montgomery, vous êtes Chrétien et vous savez que bon nombre de vos coreligionnaires sont viscéralement attachés à la paix. Y aurait-il dans cette attitude une sorte de lâcheté dissimulée ? Les chrétiens n’ont-ils pas transformé finalement leur non violence en un pacifisme revisité ?

MM : C’est évident. Ils sont désarmés parce que toute action est d’avance condamnée par… eux-mêmes. Parce que la modernité leur a fourni du confort et parce qu’on leur a dit que la Loi de Séparation était juste, ils se sont fondus dans le système dont la nature exige leur perte. Ils n’ont rien compris à la Parole : « Celui qui se sert du glaive périra par le glaive. » Ils ont cru sincèrement que cela les désarmait, comme l’a fait Jaurès, ce qui nous a coûté des millions de jeunes hommes en 14. Ils ont adopté un faux discours de l’humilité et de la discrétion, du « témoignage », qui correspond en fait à un embourgeoisement, une perte de pudeur et une autosatisfaction, avec une critique molle et constante, comme une complainte, un enracinement dans l’insensibilité. Ils ne se hérissent plus de grand chose. Ils défilent un peu contre l’apariage homo, sans vouloir offenser personne surtout, ils manifesteront pareillement contre la zoophilie ou la polygamie, à grand peine. La vérité, c’est qu’ils ont rangé leur Foi au rang d’activité dominicale strictement privée. Autrement dit, ils l’ont perdue, cette Foi. Si l’essentiel ne passe pas avant le reste, c’est qu’il n’y a plus d’essentiel.

Il devrait y avoir 100% de gens disposés à se battre, il n’y en a que 30. J’ai fait l’expérience devant divers auditoires. On discute de savoir s’il faut agir alors qu’on devrait uniquement discuter du « comment » on doit le faire. Je vais imiter Nietzsche en disant qu’il y a dans ce désir de paix un tiers de paresse, un tiers de lâcheté et un tiers d’auto-contemplation morbide. Une paix qui entretient le crime n’en est pas une. Récemment, un catholique m’opposait saint Thomas d’Aquin, pensant réellement que Thomas refusait toute action contre l’État au nom de trois principes : il faut savoir se soumettre à l’épreuve sanctifiante, il faut être légitime pour agir, enfin il faut faire appel à l’autorité supérieure pour dénoncer le tyran.

On regardera ici les réponses que j’apporte à ces objections. Je dis notamment : « Beaucoup de catholiques pensent que l’action offensive est un péché. Doctrinalement mal formés, ils croient plus ou moins consciemment d’une part que Dieu s’occupe de tout, ce qui est faux puisque Dieu n’agit essentiellement dans la mesure où les hommes montrent qu’ils le méritent; et d’autre part ces catholiques croient que le devoir d’abnégation personnelle se confond et domine le devoir de participation au salut général. Il y a là un manque de formation, quand il ne s’agit pas plus simplement d’un manque de courage et d’un excès d’individualisme: on n’agit que selon ses propres inclinations, au gré de ses propres urgences… Le catholique est ainsi infecté des paresses et des conforts mentaux ainsi que du manque de liberté et de conscience personnel si fréquent parmi le public païen. »

Y a-t-il une peur d’agir ? Nos grands-parents manifestaient dans Paris occupé par les Allemands. Ils n’avaient pas peur, eux. Il faut cesser de jouer à la roulette russe. Et rien dans ce qu’on nous propose ne nous le permet. Je ne dis pas que le Coup d’État est exclusif d’une autre idée. Mais, de grâce, cessons de parler au sujet du « pourquoi il faut changer de système » et ne parlons que d’une chose: « comment est-ce qu’on va changer de système ? » Chaque jour qui passe diminue les possibilités d’action. Dans 5 ou 10 ans, le contrôle de l’individu sera achevé. Et vous ferez sans doute une manif contre la pédophilie pour tous ; après tout, s’ils sont consentants, ce serait « fasciste de s’y opposer. » Glissage inexorable. Je défie quiconque de me dire qu’on gagne du terrain.

Un esprit authentiquement contre-révolutionnaire doit s’entourer de créatifs et d’audacieux, car le fond de son ambition passe par un changement radical. Sans cette créativité, on recourra, dans le meilleur des cas, à des procédés connus, qui conduiront à des chocs violents; le sang versera à l’excès et donc, les ennemis auront le motif à tout faire capoter. La plupart du temps, on bavardera. Il n’est pas facile de réunir de tels esprits curieux et imaginatifs qui éviteront de retomber, comme toujours, dans l’action classique. Il n’est pas donné à tous d’entrevoir autre chose.

Je pense que l’Occident meurt par la faute des catholiques, spécialement. Non pas seulement parce qu’ils refusent l’action y compris guerrière, mais parce qu’ils ne sont pas effrayés, ils ne sont pas radicalement effrayés par l’horreur, ils l’ont domestiquée en eux… Au mot de « putain ! », plus une catholique ne pleurerait dans son coude, comme le fit Jeanne d’Arc devant tous les hommes qui étaient avec elle. Nos cœurs sont gris et n’ont plus la fraîcheur des chairs virginales, écarlates, pudiques et ultra-sensibles.

Nous sommes également dans un monde qui se met insidieusement à détester la critique. On a réduit à néant la réaction. Chacun « fait son boulot » et « reste positif », entendez : chacun reste à sa place et sourit à tout. C’est la démobilisation à la source. On ne se choque plus. On n’a plus de réaction viscérale, de réaction pudique, de réaction de survie même. Enfin, on manque d’imagination. Les Français n’entrevoient que des solutions du passé, ils font une résistance conservatrice et perdue d’avance.

Le catholique n’est pas formé intellectuellement, il est dépossédé de son avenir par une sous-culture néo-catho d’évêché progressiste

MN : Réaliser un coup d’État en France aujourd’hui relèverait-il finalement du concept de guerre juste selon la doctrine de saint Thomas reprise par le catéchisme de l’Église catholique ?

MM : Naturellement. Il suffit de le lire non pas à la lettre mais dans l’esprit de la lettre. Saint Thomas ne pouvait prévoir une situation telle que la nôtre, qui est globale, absolue. Mais il donne des réponses à chaque situation intermédiaire et la conclusion s’impose : le Coup d’État est non seulement possible, mais il est nécessaire moralement. C’est un devoir de le faire !

Ainsi, pour commencer, il prévoit le cas d’une tyrannie personnelle au sein d’une société où il y a une autorité supérieure au tyran auprès de laquelle on puisse secourir. Or, notre tyrannie est bien plus qu’une tyrannie personnelle, le tyran est global, mondial, il recouvre les institutions, les armées, la banque, les marchés, les industries, les médias. Cas inconnu pour Thomas. Il considère en second lieu comme induit que le peuple laïc peut changer l’ordre des choses par le renoncement au péché, ce à quoi on peut répondre aisément : il était dans une société où la Foi était encore proposée au commun des mortels, ce qui n’est plus le cas, et que donc, le peuple ne connaît pas et ne peut accéder aux voies du salut, ce qui est extrêmement grave. La quasi-totalité n’a jamais ouvert un évangile. Aucun de nos gouvernants ne l’a fait. Les dix plus puissants responsables du monde ne l’ont jamais fait. L’Église n’est plus un recours temporel parce qu’elle devenue étrangère à presque toute l’Humanité, en réalité, hors sa visibilité médiatique. Quant au peuple, profondément déchristianisé, il ne sait pas qu’il y a un Christ, un Salut, une Bonne Nouvelle. Il n’y a plus de peuple laïc ! Il n’y a plus qu’un peuple païen. Cette proposition thomiste du relèvement par la conversion est donc invalide, elle ne peut concerner qu’une petite fraction et sera sans effet sur la société entière.

Nous sommes face à un cas de force majeure. Saint Thomas ne prévoyait pas notre cas de figure où le mal serait universel. Il vivait dans un monde où il y avait encore des recours possibles. Thomas exigeait en outre que l’action soit effectuée par les cadres de la Nation, ce à quoi je réponds que si les cadres sont partie prenante de la tyrannie, ils ne peuvent être mobilisés, et que c’est l’élite naturelle, qui maintient la notion de bien commun, qui doit être regardée comme capable d’agir en lieu et place des cadres subvertis. Enfin, saint Thomas demande qu’on accepte la persécution. Il a raison : on l’accepte pour soi. Mais pas pour autrui. On doit sauver son prochain. On ne l’accepte donc pas pour toute la société. Voilà pour Thomas, je développe ces arguments plus à fond ici.

On me dit en outre, chez les chrétiens : « Tu dis que Dieu veut délivrer le peuple de France ; si telle est sa volonté, il n’a pas besoin d’action de ce genre. » Jeanne d’Arc a déjà répondu à cet argument : les hommes vont se battre, Dieu donne la victoire. On voit là que le catholique n’est pas formé intellectuellement, il est dépossédé de son avenir par une sous-culture néo-catho d’évêché progressiste. C’est une culture émasculée. Les néo-cathos ont d’émasculées conceptions, si j’osais. On dira : Jeanne a eu des signes, des voix. Et nous, n’avons-nous pas eu un million de signes et de voix ?

MN : Vous savez que la République a créé de fait une France légale, comme avatar de la patrie qui fait que l’on peut être perçu comme non patriote en combattant les institutions. Beaucoup de Français chrétiens ou non, qui désirent un changement radical, risquent tout de même de rester attachés à la République et souhaiter la défendre contre toute tentative de coup d’État. Par peur du vide peut-être, par loyauté envers la France… Comment leur expliquer aujourd’hui cette distinction entre la France légale et la France légitime et les mettre au service de cette France légitime à venir ?

MM : Tout d’abord, pas plus que ces Français ne sont capables de combattre l’État, ils ne sont capables de le défendre. Ceux-là resteront dans l’expectative. Les Français suivront l’ordre dominant, comme toujours et comme le font tous les peuples. Je vous l’ai dit : ils suivront la loi du plus fort. Vous savez bien que c’est toujours une minorité qui décide. La démocratie elle-même, c’est un groupuscule.

Ces Français-là, qui défendent l’État et demandent du changement, sont comme le chien de la fable, qui voit dans son collier l’accessoire de la légitimité et ne souhaitent au fond qu’une pâtée de meilleure qualité que la précédente. Ils en sont encore à l’État protecteur et garant de leur liberté, c’est-à-dire quelque chose de très vieux qui a disparu. Aujourd’hui, l’État condamne des gens à mourir de soif dans les hôpitaux. L’État arrête des gens qui portent un T-shirt. L’État poursuit des dessinateurs et des historiens devant les tribunaux. L’État tue deux-cent mille personnes par an. L’État élimine des vieux, des handicapés. L’État persécute des entrepreneurs, saigne des agriculteurs, soigne des immigrés clandestins, donne 800 € par mois à des immigrants clandestins, donne des retraites à des gens qui n’ont jamais cotisé. L’État finance des édifices religieux importés et détruit des édifices religieux hérités. L’État finance des manipulations génétiques. L’État accepte Tafta ou le Traité de Lisbonne, qui subvertissent la souveraineté nationale à des intérêts apatrides et financiers. C’est quand même limpide, qui ne le voit pas ? Si l’on respecte une nomenclature classique, thomiste, on peut dire que l’État correspond en tous points à une tyrannie. Si des Français sont attachés à la République, cela signifie qu’ils ne désirent pas le changement bénéfique. Vous dites qu’ils n’acceptent pas le changement. Mais on n’a jamais eu autant de changement en si peu de temps. Et ce changement a été une destruction sans précédent. L’armée allemande n’a pas réussi à détruire ce que l’État actuel a détruit : santé, éducation, justice, commerce, industries, etc. Ces Français acceptent la révolution permanente du chaos conduit par le groupe d’extrémistes qui a pris le contrôle de l’État. La République leur a fait la démonstration magistrale que son objectif à elle était leur esclavage et même leur mort. S’ils n’ont pas vu ça, ils n’ont pas vu la dimension radicale de la situation, ils ne peuvent donc éprouver le désir d’une changement radical. Ils sont comme des pompiers devant une maison en flammes qui réfléchissent à y aller ou non. Nul n’a jamais pu compter sur eux. Je vous rappelle que la majorité des Français se sont parfaitement acclimatés à l’occupation musulmane des premiers siècles, puis aux Anglais, puis aux Cosaques, puis aux Prussiens et aux Allemands. Tout ce qui envahit est bien accueilli en France. C’est à chaque fois un petit groupe qui a changé les choses et imposé une morale nationale. Ces socialistes qui chantent la Résistance étaient collabos en 40 ; le premier journal réédité sous l’Occupation, 8 jours après l’entrée des troupes allemandes à Paris, ce fut le Matin, l’organe du PS. Il faut relire les déclarations socialistes de 40, c’est extraordinaire : l’amitié entre les peuples, la tolérance, l’accueil, tout y était. Résistants, eux ?

Penser que l’on n’est pas patriote quand on s’attaque à des institutions qui sont par essence révolutionnaires, c’est-à-dire ennemies du pays réel, c’est qu’on est encore dans l’illusion d’une légitimité de ces institutions.

Certes, vous avez l’Académie française, héritée de l’Ancien Régime. Mais l’Académie ne gouverne pas. Ce qui gouverne est dans une tradition révolutionnaire de la subversion.

MN : Le coup d’État peut-il être vu comme un moyen d’éviter la guerre civile qui se rapproche à grands pas ? Peut-il être vu comme un moindre mal pour éviter que l’on se tue entre frères, ce qui représente sans doute la guerre la plus violente et absurde ?

MM : Bien sûr. Si l’on intervient, c’est évidemment pour contrer un plus grand mal car si les choses devaient aller de mieux en mieux, l’intervention serait absurde. Il est évident qu’intervenir va empêcher un mal plus grand et, dis-je, devenir immense. Le monde entier attend qu’il se passe quelque chose en France.

MN : Certains de nos lecteurs objecteront peut-être : L’expérience n’a-t-elle pas montré que chaque fois que les cathos ont utilisé les moyens de la violence, ils ont échoué ? On peut penser aux Cristeros, livrés au gouvernement mexicain alors que la victoire était à portée de main. Ou aux Chouans.

MM : Il y a ici plusieurs confusions. D’abord, c’est inexact. L’action menée par les Croates chrétiens face aux Serbes communistes a été décisive et réussie, elle fut la première grande armée chrétienne victorieuse face à une armée matérialiste en rase campagne[1] depuis le début du cycle antichrétien né au Siècle des Lumières. Qu’il y ait eu des échecs militaires dans ce cycle est compréhensible, puisque la chrétienté était sur la défensive, attaquée par toutes les forces matérielles modernistes, mais dire que la lutte armée est toujours perdue est faux. D’ailleurs, les Cristeros pouvaient parfaitement gagner si un seul État européen s’y fût intéressé, si donc les Cristeros avaient eu un agent extérieur habile. Quant aux Chouans, ils avaient une armée de conscription en ordre de marche face à eux. Je ne vais pas citer toutes les actions chrétiennes victorieuses, mais pensons à Lépante !

Surtout, je dis justement que ce n’est pas une action armée que je préconise pour l’instant mais une prise de contrôle pacifique de l’État. Il est drôle qu’une action soit immédiatement associée à une violence dans l’esprit de nombreux Occidentaux. C’est très caractéristique de l’état de déliquescence aujourd’hui, de la léthargie profonde.

MN : Il reste à trouver un moyen efficace qui nous ressemble ?

MM : Cela suppose un peu d’imagination. » On propose parfois  quelque chose comme « Les Mères de la place de Mai » en Argentine, ou les grandes grèves de Solidarnosc.

On voit, cette fois, que l’influence des médias mainstream est importante et que l’imaginaire des chrétiens se calque sur des événements passés et approuvés par l’adversaire. C’est l’obéissance au monde. Je réponds à ce type de proposition que les Manifs pour Tous ont parfaitement illustré la vacuité des solutions moyennes.

Pour terminer, je dis que mon propos est certainement inutile parce que je ne crois pas, pour l’heure, en une réaction française. Il adviendra à la fin ce que nous aurons mérité. Toute la dégradation de la situation est due à notre inactivité relative et au fait que nous ne brisons pas le régime qui est intrinsèquement pervers ; et que, par les bonnes actions que nous menons au sein de ce mauvais régime, nous perpétuons l’agonie. Nous prolongeons la crucifixion.

Il est donc évident pour moi que notre devoir est d’agir et il est tout aussi évident pour moi que l’inaction aura pour punition le désastre final. La culpabilité sera là aussi.

Mais il est vrai aussi que si vous ne le souhaitez pas, alors vous ne méritez pas. Et alors, Dieu est entièrement en droit, vis-à-vis de vous, de ne pas vous offrir ce salut politique que vous attendez, puisque vous ne faites pas preuve que vous avez une velléité de le vouloir.

Cependant, pour finir par une note heureuse, tous ceux qui m’ont précédé ont dit la même chose et ont émis les mêmes craintes. Or, la Providence a agi jusqu’ici. Parce qu’il y a eu un petit nombre. Je souhaite ce petit nombre, qu’il provoque la Providence !

[1] : je sais que certains sont dans l’illusion d’une Serbie « chrétienne » face au Nouvel Ordre Mondial, j’y ai répondu par ailleurs.


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