Quelqu’un écrit à un camarade de gauche qui nous envoie des liens :
LES GENS (Patriotes?) N’OUVRENT PAS LES LIENS NI LES PIECES JOINTES, PARCE QU’ILS CROIENT AVOIR DEJA CERNE LA GAUCHE (POUR EUX GAUCHE= IMMIGRATION) ET N’EN VEULENT PAS.
TOI MEME, SI ON TE MET UN LIEN PAR EXEMPLE SUR L’EUROPE CAPITALISTE TOTALITAIRE, d’ASSELINEAU, TU N’OUVRIRAIS PAS LE LIEN.
(PARCEQUE TU crois AVOIR CERNE LE PATRIOTISME et que pour toi cela signifie SOUMISSION A LA BOURGEOISIE)
CONCLUSION IL FAUT DEPASSER LES PREJUGES OU RENONCER A COMMUNIQUER
Réponse de Rémy D. WIEDEMANN:
« Il est effectivement malhabile de renvoyer les lecteurs vers des penseurs plus ou moins marqués par soit une idéologie, soit un parcours personnel inscrit à une époque où les combats étaient spécifiques. Il s’agit de ne pas en rester à ces étapes précédentes d’une part, mais néanmoins et d’en conserver les conclusions principielles, les principes autrement dit, pour les intégrer à nos propres raisonnements, ainsi que vous le dites.
Cela permettrait de ne plus débattre de sujets dépassés. Nous devrions nous concentrer sur la solution. Tout ce qui est constats et réflexions essentielles devrait être à la fois intégré en nous et exclu des débats.
S’il fallait résumer les choses, nous pourrions dire des choses ainsi: le XXème siècle et même le XIXème siècle ont érigé les hommes les uns contre les autres pour deux sortes de raisons.
La première, ce sont les calculs de financiers obscurs, créateurs d’idéologies et de partis, fomenteurs de conflits et de ravages sans nom.
La seconde tient à ce que les hommes en ont cru et retenu, formant l’armée immense des militants et des victimes à la fois. Les hommes ont toujours eu des motifs valables pour croire ce qu’ils ont cru (personne, si ce ne sont des esprits pervers, ne se lève le matin en se disant: « Aujourd’hui, je vais faire du mal »). En revanche, tous les hommes ont péché par un regard trop exclusif. Si l’on n’est cerné que par de la misère ouvrière et sociale, les grosses familles fortunées jamais convoquées à la guerre, la police toujours partiale en faveur des nantis, les maladies et les payes misérables, ou l’arrogance incroyable des fils de la bourgeoisie se divertissant avec l’argent des ouvriers, on ne peut que devenir communard en 1870. Si l’on ne voit que les quelques fusillades de prêtres et d’honnêtes gens par la Commune et l’incendie de l’Hôtel de ville de Paris, on ne peut que devenir Versaillais. Si l’on ne voit que la propagande prussienne antifrançaise, la montée de la puissance de la Ruhr et la défaite de Sedan avec la perte de l’Alsace et la Lorraine, si l’on considère Bismarck et son obsession de la division française, on ne peut que devenir patriote anti-allemand en 1914. Si l’on ne voit que la prévarication des financiers des années 20, l’esclavage sexuel des ouvrières forcées sous peine de voir leur mari et elles-mêmes perdre leur emploi, la captation des œuvres d’art, les scandales des spéculateurs, la destruction des valeurs morales et les menées du bolchevisme déportant des millions d’êtres humains, on ne peut que devenir nationaliste en 1935. Si l’on ne voit que la puissance des cartels, l’argent et les guerres du pétrole, la censure des médias sur ordre de l’Elysée et l’ordre moral strict, on ne peut que devenir étudiant révolutionnaire en 1968. Si l’on ne voit que le conservatisme pétrificateur et le ségragationisme antinational, en 2010, toutes les places-clés de l’Etat aux mains de la gauche républicaine, l’immigration record, le chômage savamment entretenu, la sur-puissance des Etats-Unis, le jeu vicelard de la City et de Wall Street, les guerres qui ne servent que le globalisme, la planche à billet qui tourne à fond au profit de quelques-uns, les élections truquées, les médias unanimes aux mains des mêmes, on ne peut qu’être FN puis RN. Et ainsi de suite: ce sont des regards justes mais trop spécieux, chez les gens sincères, qui conduisent à des positions politiques.
Il s’agit de ne pas nier tout cela, mais d’avoir un regard plus large encore et de tout concilier. Notre Histoire et le monde entier sont deux paramètres à considérer pour ne serait-ce qu’entrevoir qu’on a tendance à limiter sa vision.
Avec un peu d’intelligence, de voyage, de lecture et de dialogue, on peut en arriver à aussi bien récuser le communisme que prêter une grande attention à la pauvreté endémique et à l’injustice sociale, à combattre les monopoles et encourager l’entreprise, à récuser le patriotisme borné et entendre la valeur des racines et de la proximité, à concilier le rapport avec l’Humanité toute entière et la défense des identités, à vouloir un environnement plus sain et restauré tout en voulant favoriser l’initiative entrepreneuriale source d’emploi et de progrès technique, à vouloir un Etat fort et refuser un Etat intrusif attentatoire aux libertés etc.
Ce n’est pas relativiser et tout accepter, c’est intégrer tous les arguments et luttes justes. Pour prendre des extrêmes toujours opposés artificiellement, on peut citer ce cas où de ces deux frères qui se sont séparés dans la rue, l’un est devenu milicien sous Vichy et est parti se battre sur le front de l’Est, l’autre est parti dans la Résistance. Ils avaient tous deux d’excellentes raisons à faire valoir, mortellement opposées, mais engluées dans la gangue de regards spécieux: il y a là du juste et des manques. Ce n’était pas sur le front de l’Est que le problème pouvait se résoudre, et ce n’était pas non plus dans le maquis. Là n’étaient que de combats en aval.
Y a-t-il un fil conducteur qui permettrait de clore ces chapitres ? Oui.
Il y a un pouvoir transnational qui a eu intérêt à exacerber les clivages en finançant à la fois la misère, l’appauvrissement moral, les guerres, les monopoles, la disparition des grandes pensées, l’idiocratie, le consumérisme, certaines corporations contre d’autres, la captation des pouvoirs et des richesses, l’institutionnalisation du vol et du mensonge, le mépris de la vie humaine, la destruction du pacte social, de l’harmonie, l’idolâtrie de nouvelles religions, le mépris des réalités, l’obsession d’un progrès et l’abolition du sacré et ainsi de suite.
Ecologie, nationalisme, internationalisme, décolonisation ou spéculation, hyper-bureaucratisation ou démantèlement des services publics, migrations ou exodes, chômage ou stupeur, terreur ou passivité, judiciarisation forcenée ou abandon de la population, attentats ou désorganisation administrative indolente et presque invisible, tout cela, 99% de ce qui a fait votre opinion politique, c’est de l’ingénierie, ce ne sont que des outils qui visent à l’instauration d’un nouveau système. Y a-t-il une main ou plusieurs sur tout cela à la fois ? Y a-t-il un petit groupe, qui serait maître de tout ? Même pas. Dans Reinhardt Tarkand, j’écris (pardonnez-moi de me citer):
J’ai eu beau retourner cette question dans tous les sens, j’ai eu beau savoir tout des calculs secrets des financiers obscurs, des théoriciens prophétiques et des intellectuels calamiteux, je me suis fait la réflexion, il y a longtemps déjà, qu’il s’agit de quelque chose qui ne se trouve nulle part chez les hommes, quelque chose qui les dépasse, qui se trouve au-dessus d’eux, au-dessus de nous. Au-dessus en terme de puissance bien sûr. Rien n’est au-dessus des hommes pour ce qui est de la misère et du bonheur, ni les anges, dans leur joie scintillante des sourires de la Terre, ni les démons, dans leur insatisfaction écorchée des tortures du monde.
Est-ce que cela doit nous empêcher d’agir ? Au contraire. Nul en ce monde n’est omnipotent, les plus puissants multi-milliardaires sont extrêmement empêtrés dans les difficultés qu’entraîne toute puissance ici-bas: il faut gérer un empire, et aucun ne dure. Car ce sont des personnes et des moyens. Or, ces moyens s’épuisent et ces personnes ne sont pas des robots, elles n’obéissent pas avec toute l’intelligence et l’efficacité voulue. Qui plus est, chacun finit tôt ou tard par tenter d’en tirer avantage.
La situation la plus confortable, c’est la nôtre: liberté d’action complète, adaptabilité maximale, aucune charge lourde qui prenne notre temps. Je le répète: lisez Reinhardt Tarkand, vous aurez les clés.
Quel est le vrai pouvoir politique ? C’est celui d’agir, pas de gérer du matériel. Les puissants gèrent l’argent, les assurances, les emprunts, le taux de l’emprunt, les obligations, les cours de la bourse, les armées: ils se perdent en faux combats, ils dispersent leur action en se raccrochant comme des moules au rocher qui s’use inlassablement face à la marée.
Le pouvoir politique est dans le réel, dans la création de nouveaux postulats justes et dans leur mise en œuvre.
Ainsi donc, plutôt que de nous disputer sur le passé, voyons quel est le projet et surtout, comment le mettre en œuvre.
Nous savons ce que nous ne voulons plus: que les peuples soient écartés des décisions, qu’ils soient pauvres et sans éducation, sans liberté et sans avenir, nous ne voulons plus que les guerres tranchent les différents, nous ne voulons plus de commissions et d’assemblées qui décident de notre sort, nous ne voulons plus que des banquiers disposent de notre argent et de son émission etc. Tout cela, c’est dit et comblé, j’aimerais que ce soit vu, et dépassé. Il faut rêver, mais il ne faut pas faire que ça. Une fois que tout est posé et transformé en mesures, il reste à les mettre en œuvre. C’est là où nous en sommes.
Le point crucial de notre époque, c’est de résoudre toutes les contradictions du passé — de tout le passé, y compris le plus lointain — et d’en retirer ses enseignements afin de passer le seuil d’un avenir intéressant dans un présent qui est un passage.
Nous sommes dans un âge d’or, c’est un temps mythologique, nous sommes dans un temps d’ébranlement des cieux, comme jamais Homère ne l’eût imaginé. « Age d’or » en grec ancien se dit χρύσεον γένος (chryseon genos), littéralement « race dorée » ou « génération d’or ». Voyez comme les maîtres du monde accaparent l’or et écartent toute idée de race ! Il n’y a que leur race qui peut accéder aux richesses et ait seulement le droit d’exister. Mais passons. Le mot « or »se dit chrysós. C’est la même racine que dans chrysalide (khrusallis = « coquille dorée »). Si l’on s’intéresse à la phonosémantique, on ne peut s’empêcher de regarder du côté de « crise » (krisis = « séparation, décision, jugement »). Certes, les étymologistes se refusent à aller plus haut que grec ou latin, mais avec un autre préfixe, je montre (dans « Pensées… ») que tous les mots concernés ont… un point commun. Ainsi, je me risque volontiers à rapprocher « or » et « crise »: les âges d’or sont des âges de crise.
Nous sommes dans ce temps où la chrysalide devient papillon. C’est douloureux. Cela arrive parfois, rarement. La dernière fois, pour nous, ce fut à la Renaissance, dont la révolution française ne fut qu’une étape. Nous devons résorber les erreurs induites à ce moment-là, et conserver ce qui en a surgi de bon.
C’est dans un temps de ce genre que nous végétons, alors que nous devrions le prendre à bras-le-corps ! C’est le temps des Prométhée, Hercule, Persée, Jason Orphée (qui voyage jusqu’aux Enfers. Il tente, comme nous (?) de restaurer l’harmonie dans un monde désormais corrompu), Ulysse, Achille ! C’est le temps enfin du héros qui les couronne tous, roi des rois, celui qui nous confie tous une part de son pouvoir qui est essentiellement transcendance. La science découvre très tardivement que nous pouvons bien plus que ce que peuvent nos idées. Il y a une puissance alchimique dans la Geste humaine, dans sa vocation et dans ses actes symboliques. En revanche, il y a une dilution de son pouvoir dans la parlotte, la revendication de droits, le poing brandi parce que tout ce que nous nous approprions nous rend esclaves. Les gens qui possèdent beaucoup de biens et d’avantages y sont voués. A l’image de cela, il y a cette chose vaine que sont les manifestations: beaucoup s’agiter pour obtenir des colifichets et des gris-gris sémantiques avec de l’argent qui ne vaut pas grand chose.
Si vous vous posez encore la question « pourquoi nous voulons faire ce voyage » et « quel clan a raison », sans prendre la route, alors vous vous perdez dans l’inaction et vous périrez sans avoir rien fait, alors que vous déteniez le pouvoir.
Délaissez toute analyse politicienne. Il n’y a quelques quelques jours avant que nous soyons sur notre lit de mort, à nous demander ce que nous aurons fait pour notre prochain. Ce ne sont pas vos convictions qu’on pleurera, c’est ce que vous êtes et ce que vous aurez fait. »
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