Qu’est-ce que la légitimité ?

La légitimité d’un Etat et du pouvoir ne dépend pas de la balance commerciale, de la diminution du chômage, du rayonnement dans le monde, du produit intérieur brut, de la notoriété de ses célébrités ni même des élections ou du soutien populaire.

La légitimité tient au bien fait au peuple.

C’est en quelque sorte une denrée fragile, périssable, qui se rafraîchit par un moyen qui est l’essence de la politique : le bien fait et renouvelé au peuple.

Mais je ne parle pas ici d’un bien relatif et horizontal seulement. Le bien du peuple en passe nécessairement par la transcendance, autrement dit la verticalisation de son existence. Dans un Etat sain, le citoyen se découvre chaque jour davantage, au sein d’un pacte social fort. Plus il y a d’interdits et d’obligations, moins l’Etat est légitime. Car un peuple qui se découvre lui-même se responsabilise, et donc avance en liberté.

Il se passe aussi plus aisément des charges et des convenances morbides.

Il se débarrasse de l’inutile et en vient à l’essentiel. Cet essentiel est moins matériel que spirituel, tout le monde le sait.

Pourtant, il y a là deux écueils sur lesquels cette pensée peut s’échouer. Premièrement, l’homme spirituel est extraordinairement rentable, à condition qu’on y regarde à plus long terme. Une conversation amicale a une dimension spirituelle, elle produit un bien immédiat en ne coûtant rien à la collectivité. Un artisan qui fait « bien » son travail introduit une dimension spirituelle. Un esprit qui est davantage voué à l’essentiel consommera moins. C’est ce qui chagrine les marchands.

Mais la société, elle, s’en réjouira, car il consommera mieux, et des choses de meilleure qualité, plus durable. Du reste, la notion de « qualité » relève finalement du spirituel. La durabilité aussi. Car pourquoi veut-on qu’une chose dure ? Parce que cela produira moins de pollution. Mais pourquoi ne faut-il pas polluer ? Parce que ce n’est pas bon pour la santé. Mais pourquoi ne faut-il pas faire de mal à la santé ? Parce que cela rend malade, c’est-à-dire fait avancer vers la mort. Pourquoi faut-il refuser la mort ? Parce que… c’est mieux de vivre ; la mort, c’est mal. Simplicité enfantine. Les satanistes ne pourront jamais empêcher ce raisonnement simple, qui fait entrer le spirituel absolument partout. A chaque fois, même avec le dégénéré le plus avancé, vous en arriverez à leur faire dire qu’il y a un bien et un mal.

La légitimité repose et reposera toujours sur un bien. Cette règle ne changera jamais. Les relativistes tenteront toujours de ridiculiser ce principe éternel, en affirmant que ces notions sont trop simples pour eux : ils ne sont que snobs et leur idée est de se faire plaisir en mots. En réalité, tout en eux et dans leur vie les incite à choisir entre bien et mal. Nietzsche pensait dépasser ce stade et n’y est jamais parvenu, il n’a fait que brillamment décrire ce qui se passait en aval. Il n’a remis en cause le bien et le mal qu’au niveau de la morale publique et des conventions sociales. Il n’a jamais pu toucher un seul cheveu du principe premier.

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