Martyr ?

C’est comme toujours superbe, Chesterton avait beaucoup de métaphysique. Tous les martyrs néanmoins n’oublient pas leur propre vie, certains la consacrent, car peut-on ignorer, au moment où l’on est condamné à mort par exemple, ou à la torture, qu’on va subir en sa chair ? Chesterton dit que le martyr situe son cœur en-dehors de lui-même. Beaucoup cependant invitent au contraire Dieu en leur propre cœur. Ils ne méprisent pas ce qu’ils sont, ils se consacrent. Mais cette idée est plus récente. Jadis, certes, on ne se valorisait pas. C’est récemment qu’on s’est aperçu que la biologie recélait des merveilles surclassant tout ce que l’homme pouvait concevoir.

L’idée que Dieu était ailleurs qu’en soi était donc courante jadis, on s’excluait de l’univers divin comme chose qui ne méritait aucun égard. Pourtant, autrui vous regardait avec déférence, comme si au contraire le prochain était un peu le Christ lui-même. Le plus humble était « le plus petit d’entre les miens ». Il faut dire que dans cette société de jadis où l’on se comptait pour rien et l’autre pour tout, la société abondait de vertus et de grandeur.

La théologie moderne a donc indiqué justement que la créature ne pouvait s’extraire du divin, sans risquer de favoriser la pensée impie qui regarde justement l’être vivant comme quotité négligeable. Le judéo-communisme a nié la substance humaine, avec les judéo-socialisme (judéo: qui relève des faux-juifs, je précise).

Dans la même période, le modernisme a voulu vanter le corps humain et l’égo. Pour finir, nous sommes dans un temps où à la fois nous savons que le corps humain, comme partie vivante du Vivant, est un prodige mécanique et biologique éblouissant, et où également le moi vaniteux met à côté de cette vision magnifique la plus grossière expression.

Quelle conclusion en tirer pour l’avenir ? On ne peut pas dire que le corps n’est rien, puisque c’est Dieu qui l’a conçu lui-même. Mais on ne peut non plus le regarder comme chose qui est en notre jouissance exclusive. Il n’y a donc qu’une voie: considérer et vouloir que le « soi », le « moi » et le corps qui va avec soient consacrés. Et il est vrai que tant qu’ils ne le sont pas, ils ne diffèrent presque nullement du cloporte: merveille, c’est vrai, indiscutablement, mais dont la disparition ne coûte rien à personne. L’univers est plein de merveilles qui disparaissent spontanément, à chaque seconde des dizaines de planètes comme la nôtre explosent ou meurent. Dieu est une profusion inimaginable. Cela réduit-il à néant la merveille individuelle de ce que nous sommes ? Non, mais si ! Non, parce que le caractère unique de chacun existe, elle est la particularité première de ce trésor. Mais si, cela réduit à néant ce que nous sommes, dès lors que nous ne nous consacrons pas. En fait, l’individu qui ne se consacre pas n’est d’aucune utilité. C’est une merveille inutile. Et toute merveille inutile est destinée à la pourriture, à la poussière, aux lombrics. Il n’y a qu’une seule voie: se consacrer. La merveille doit servir. Ceci doit relever d’une décision complète et irrémissible. Il faut que ce soit ferme jusqu’à la mort, laquelle nous délivrera magnifiquement de toute espèce de doute. Au Japon, cela s’appelait jadis la « folle mort ». Il n’y a rien de plus stupide et de davantage promis aux vers que de perdre son temps et lésiner sur cette vocation. Ce qui ne sert pas est rejeté sur le côté. Le salut, c’est servir.

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